Aux confins du nord-ouest de l’ancien royaume de Grenade, aux pieds de la chaîne de montagnes de La Sagra et à presque 200 kilomètres de leur capitale, dans la bordure des régions de Jaén, Albacete, Murcia et Almería, plusieurs lieues à l’intérieur du pays et rien de moins qu’à 1.164 mètres d’altitude sur le niveau de la mer, Puebla de don Fadrique n’a pas de scrupules pour dédier ses plus grandes fêtes et les plus archaïques à une image si marinière que la Virgen del Carmen. Même si cela peut paraître étrange, le tableau centenaire de cette Vierge qui demeure dans le village, sert de guide comme étendard à Noël aux milliers d’habitants, émigrants et curieux qui se retrouvent ici pour perpétuer l’une des traditions plus ancestrales, pures et autochtones qui ont parvenu a survivre dans notre terre au cours des siècles.
Considérées de grande valeur anthropologique, de part leur ancienneté et leur idiosyncrasie musicale et folklorique, avec des claires réminiscences navarrais – aragonaises apportées par les nouveaux colons du XVe siècle, les fêtes de La Puebla, quoique dédiées à la Virgen del Carmen, se célèbrent sous le vocable de las Ánimas Benditas (Âmes Bénites) en concordance avec les fêtes de Noël, du 24 décembre jusqu’au 29, étant le point final et culminant le “Día de los Inocentes” (Jour du Poisson d’Avril en Espagne), fête des Âmes Bénites.
Les protagonistes sont les membres de la Confrérie de Ánimas, fondée pour financer les messes que l’on chante à la gloire des fêtes dans le village tous les dimanches fériés de l’année, et aux “cascaborras“, héritiers de l’ancienne garde chargée de contrôler les maures. Ils empruntent leur nom à l’instrument qu’ils portent, la “cascaborra“, formé par un bâton duquel pend un battant en peau remplit de bourre (borra), avec lesquelles ils “menacent” les gens pour obtenir aumône pour les Ánimas. En plus on retrouve le groupe des Innocents, formé par deux maires et deux ministres des temps de l’occupation française. Tous, accompagnés par les musiciens et avec la Virgen del Carmen comme étendard, parcourent le village le matin pour réveiller les voisins en demandant aumône pour les Ánimas.
Le même but a aussi la Danse des Ánimas, que l’on danse dans l’ermitage du Santo Ángel et pendant laquelle, en offrant de l’argent, tout le monde à droit d’inviter danser qui que ce soit, sans que personne puisse s’opposer. Les réveilleurs, les “cascaborras“, la Danse des ánimas, tout dans les fêtes de Puebla de don Fadrique est dirigé à la collecte de fonds pour les soins du cimetière pour le reste de l’année.