Dans l’Islam, le bain possède un important composant spirituel et religieux. Le texte coranique impose même l’obligation du soin et propreté du corps, avec la pratique obligatoire des ablutions préalables à la prière présente dans le rituel. Sans doute l’eau, dans le monde musulman, ainsi comme dans d’autres religions, désintègre les formes, lave les pêchés, purifie et, surtout, régénère. C’est pourquoi le hammam devint le scénario obligatoire de nombreux événements de la vie de cette culture: la naissance, la circoncision et le mariage.
D’après les chroniques et les sources documentaires telles que celles que fournit Ibn al-Jatib, rare était la ville ou village andalousi sans bains (les ditsbains du maure). Ces bains, héritiers des thermes romains, parfois humbles et parfois très luxueux, étaient tous des centres d’affaires et de réunions publiques. Les bains se trouvaient habituellement très près des mosquées ou des portes des villes, et étaient ouverts pendant tout le jour avec des horaires différents pour les hommes et les femmes. Malgré cette distinction, les bains publics étaient les lieux où plus se dissipent les inégalités de type social.
Aux luxueux Baños Reales ou de Comares, qui se trouvent à l’intérieur de l’Alhambra, dans un magnifique état de conservation, et à ceux de Bañuelo, également à la capitale, s’ajoutent les Baños de Baza ou de Marzuela, datés du XIIIème siècle, un exemple parfait des bains urbains, situés près d’une mosquée.
On trouve beaucoup d’autres dispersés partout dans la province, de typologie rurale, dans les localités de Churriana de la Vega, Cogollos Vega, Aldeire, Huéneja, Dólar, Ferreira, Jérez del Marquesado, Lanteira, Nívar, La Zubia et Alfacar (datés du XIIIème au XVème siècles). La plupart d’entre eux furent réutilisés comme demeures privées lors de l’arrivée des nouveaux habitants chrétiens, qui ne communiaient pas avec les coutumes hygiéniques collectives des musulmans.